
Messe de fermeture de l’église Immaculée-Conception de Rouyn-Noranda
Dimanche, le 14 novembre 2021
Je me souviens de la première fois où j’ai mis les pieds dans l’église Immaculée-Conception. C’était en septembre de 1978, un soir de semaine, juste avant la messe de 19h00 (cela se faisait encore, dans le temps). À l’entrée, j’avais refermé la porte discrètement derrière moi, pour éviter le bruit. Alors que je me suis retourné pour avancer dans l’église, j’ai vu devant moi une majestueuse représentation de Marie, la mère de Jésus.
Le décor était très parlant, pour ne pas dire éblouissant : la statue de Marie, grandeur nature, encadrée par des rayons dorés qui semblaient provenir du ciel (rayons « découpés » dans le mur de fond qui était alors d’un beau bleu-ciel). Nulle part ailleurs ai-je vu un décor d’église qui raconte aussi bien « Marie, médiatrice de toutes grâces » en un coup d’œil. J’ai fait une pause, pour absorber la vue, et son message. J’avais vu ailleurs, auparavant, une représentation semblable de Marie. C’était la « médaille miraculeuse » confiée à sainte Catherine Labouré. Le décor de l’église reprenait les mots de Marie, « Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent ».
J’étais au tournant de la vingtaine, en recherche de sens qui a évolué vers une recherche de Dieu. C’est ce qui a contribué au hasard qui a fait que je me suis présenté à une église située près de mon CEGEP un soir de semaine à l’automne de 1978. Je me souviens aussi que, dans ce moment de contemplation du décor, j’avais perçu le même message que des milliers d’autres visiteurs ont reçu à cette église : « Tu peux prier. Je prierai avec toi. ».
Et voilà que, quarante-trois ans plus tard, nous sommes réunis pour une célébration eucharistique finale à l’église Immaculée-Conception. Rouyn-Noranda (centre) n’a plus le bassin de fidèles ni les ressources pour maintenir plus qu’une seule église pour sa population francophone. Même le frère Bernard Hamel o.m.i, à son arrivée en 1960, n’aurait jamais pu imaginer que le temps d’une ou deux générations, le presbytère ne logerait plus les Oblats de Marie-Immaculée et que l’église… chercherait preneur.
Mes beaux-parents s’étaient épousés dans cette église alors qu’elle était toute neuve (à l’été de 1958). Moi-même, j’avais fait la rencontre de ma future épouse à cette même église, à une réunion de prières pour les jeunes, un soir de semaine (encore) en 1980. Étalés sur 83 ans, imaginez le nombre de souvenirs qui pourraient se raconter sur cet endroit. Au cours de la messe de fermeture, quelques personnes nous ont partagé leurs souvenirs liés à la paroisse et son église.
Lors de son homélie ce matin, Monseigneur Boulanger nous a rappelé que, bien que l’église ferme, cela ne porte pas atteinte à son héritage pour autant. Il a répété plus d’une fois, « Cet héritage, c’est à vous qu’il appartient. Cet héritage, c’est à vous d’y donner suite ». Oui, ayant reçu un bon accueil et ayant fait un bon usage des multiples services offerts à « Immaculée » (c’est le raccourci qui identifiait l’église), moi comme tant d’autres, nous portons le souvenir d’un endroit de prière et de rencontre et, dans notre quotidien, nous nous rappelons que l’essentiel n’est pas dans le bâtiment, mais plutôt dans la vérité qu’il avait proclamée, que nous venons de Dieu, et que notre destiné ultime se trouve aussi en Dieu.
Et en attendant l’éternité, je porte toujours ma propre médaille « miraculeuse » sur une chaînette autour de mon cou.
Claude Gosselin
