Assemblée ecclésiale de
l'Amérique latine et des Caraïbes
Le père Reegan Soosai, c.m.f. nous en livre un compte-rendu.
Chers frères et sœurs,
J'ai eu la joie et la grâce de participer, en tant que l'un des 40 délégués de la Conférence épiscopale canadienne, à la première Assemblée ecclésiale de l'Amérique latine et des Caraïbes, organisée par la Conférence épiscopale d'Amérique latine et des Caraïbes, connue sous le nom de CELAM.
Cette assemblée a eu lieu à la ville de Mexico du 21 au 28 novembre 2021. Cette assemblée s'est tenue après avoir écouté et recueilli des témoignages de plus de 70 000 personnes du continent sur leurs expériences, leur vécu ecclésial et pastoral.
C'est une assemblée de tout le peuple saint de Dieu qui partage la dignité du baptême. Seulement 60 des 1000 délégués étaient présents, en personne, à Mexico, et tous les autres, c'est-à-dire 94% d'entre nous, étaient connectés via la plateforme Zoom depuis nos 30 différents pays.
Voici, les différentes catégories du Peuple de Dieu qui ont participé: 40% de laïcs, 20% de consacrés, 20% de prêtres et de diacres, 20% d'évêques.
Le thème de l'assemblée est «Nous sommes tous des disciples missionnaires en sortie». L'Assemblée était un moment de kairos (grâce) qui veut reprendre les orientations pastorales du document d'Aparecida et continuer à marcher vers le Jubilé des 500 ans de l'événement de Notre-Dame de Guadalupe et des 2000 ans de la Rédemption. Le Pape François avait envoyé un message à tous les membres de l'Assemblée avec ces deux points : L'écoute active et le débordement de l'Amour dans nos engagements pastoraux.
L'Assemblée avait invité des laïcs, des théologiens, des personnes consacrées, des évêques et des cardinaux à offrir leurs réflexions et leurs témoignages sur l'écoute, le dialogue, le synodalité et l'Église en sortie.
Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a parlé de «la centralité de la foi et de la rencontre personnelle avec le Christ qui nous envoie en mission pour proclamer le kérygme, son amour et sa miséricorde. Le Christ est notre chemin, notre vérité et notre vie. L'Église sur ce continent sera une Église synodale mariale ou elle ne le sera pas.» Il a conclu en invitant les participants à prier pour les vocations. Il a également déclaré que nous devons poursuivre sur la voie de la communion et de la réconciliation.
Le cardinal Mario Grech, secrétaire du synode sur la synodalité qui aura lieu en 2023, a également proposé sa réflexion sur une communauté synodale en 5 points :
1. La conviction profonde que le Seigneur prend toujours l'initiative ;
2. l'engagement envers le peuple de Dieu en étant humble ;
3. nous devons continuer à accompagner les processus avec patience comme le Seigneur le fait avec nous ;
4. le Seigneur veut que nous portions du fruit ;
5. nous devons célébrer les petites victoires dans la liturgie et dans la communauté.
L'Église est synodale si elle est missionnaire; elle est missionnaire si elle est synodale. Nous devons continuer à chanter l'Évangile à différentes voix mais dans la communion ».
Soeur Blanca Karina, latino-américaine d'origine et qui travaille dans le diocèse de Vancouver, a donné son témoignage du côté canadien en disant 3 points :
- Notre Église doit être comme une mère, accueillante et protectrice;
- Nous devons renforcer la communion ecclésiale, le dialogue œcuménique et interreligieux;
- Il faut accompagner les immigrants et les réfugiés.
Nous avons eu la possibilité de nous réunir en petits groupes (laïcs, prêtres, personnes consacrées, évêques) pendant 3 heures, pendant 4 jours, pour nous écouter mutuellement et proposer quelques défis. J'étais dans un groupe de 15 personnes de différents pays comme l'Argentine, le Pérou, la Colombie, l'Équateur, Porto Rico et le Brésil. Ces rencontres ont été des expériences de synodalité et une expérience profonde de discernement communautaire qui nous a invités à vivre la méthodologie Je-Tu-Nous avec le Seigneur. Nous avons vécu 4 étapes dans cette Assemblée : Processus d'écoute, synthèse narrative, discernement communautaire et synodal, recherche de nouvelles voies pour la réalisation de la Mission de Jésus.
De ce qui a été discuté, un total de 41 défis a émergé et
le groupe central de discernement a choisi
12 défis comme prioritaires et urgents, à savoir :
- Reconnaître et valoriser le rôle prépondérant des jeunes dans la communauté ecclésiale et dans la société en tant qu'agents de transformation.
- Accompagner les victimes d'injustices sociales et ecclésiales dans les processus de reconnaissance et de réparation.
- Promouvoir la participation active des femmes dans les ministères, la gouvernance, le discernement et la prise de décision et le discernement ecclésial.
- Promouvoir et défendre la dignité de la vie et de la personne humaine de la conception à la mort naturelle.
- Augmenter la formation en synodalité afin d'éradiquer le cléricalisme.
- Promouvoir la participation des laïcs dans les domaines de la transformation culturelle, politique, sociale et ecclésiale.
- Écouter le cri des pauvres, des exclus et des abandonnés.
- Réformer les itinéraires de formation des séminaires en y incluant l'écologie intégrale, les peuples autochtones, l'inculturation et l'interculturalité, et la pensée sociale de l'Église.
- Renouveler, à la lumière de la Parole de Dieu et de Vatican II, notre concept et notre expérience de l'Église comme Peuple de Dieu, en communion avec la richesse de ministérialités qui évite le cléricalisme et favorise la conversion pastorale.
- Réaffirmer et donner la priorité à une écologie intégrale dans nos communautés, sur la base des quatre rêves de de l’exhortation apostolique Chère (Querida) Amazonia : le rêve culturelle, ecclésiale, sociale et écologique.
- Promouvoir une rencontre personnelle avec Jésus-Christ incarné dans la réalité du continent.
- Accompagner les peuples autochtones et afro-descendants dans la défense de la vie, de la terre, des langues et des cultures.
Un grand merci de fond de mon cœur à notre cher évêque Guy Boulanger qui a eu la confiance et la gentillesse de présenter mon nom comme candidat pour participer à cette Assemblée historique.
Je voudrais terminer par ceci : tout d'abord, nous avons besoin d'une Assemblée de ce type au Canada, nous devons également penser à une Conférence épiscopale séparée pour les endroits où se trouvent les peuples autochtones au Canada, comme cela a été fait en octobre en Amérique latine dans les régions amazoniennes, également, nous devons avoir des programmes spéciaux et des dicastères dans les diocèses et au niveau de la Conférence épiscopale du Québec et celle du Canada pour les immigrants et les réfugiés catholiques.
Il est temps de rêver d'une église synodale, en sortie et samaritaine,
Dieu vous bénisse !
Père Reegan Soosai, c.m.f
Missionnaires Clarétains